« L’association entre la prise d’empagliflozine et une diminution du besoin d’insuline correspond à ce qui peut être attendu chez un diabétique de type 2 qui se voit prescrire un médicament oral supplémentaire », commente pour sa part l’endocrinologue et diabétologue Yehuda Handelsman, directeur médical du Metabolic Institute of American de Tarzana, en Californie. « C’est en grande partie dû au fait que des patients sous placebo ont nécessité un supplément d’insuline parce que leurs possibilités de traitement per os additionnel étaient limitées. Au cours de la période couverte par l’étude EMPA-REG OUTCOME (2010-2015), les antidiabétiques per os étaient moins nombreux qu’actuellement, et les médecins de l’étude étaient encouragés à traiter leurs patients de manière à atteindre les objectifs glycémiques décrits dans les recommandations locales. En plus d’un effet utile mais limité sur le contrôle glycémique qui fait baisser en moyenne d’environ 0,5% le taux d’HbA1c, les inhibiteurs du SGLT2 améliorent également un peu la sensibilité à l’insuline, ce qui permet de retarder la mise en place d’une insulinothérapie ou l’augmentation de la dose d’insuline. Le retardement du lancement de l’insulinothérapie rapporté par cette nouvelle analyse n’est pas spectaculaire », explique-t-il.
Pour rappel, l’étude EMPA-REG OUTCOME (Empagliflozin Cardiovascular Outcome Event Trial in Type 2 Diabetes Mellitus Patients) a inclu 7020 patients recrutés dans 590 sites répartis dans 42 pays, avec un suivi moyen de 3,1 années. Le critère primaire d’évaluation était composé des taux de décès d’origine cardiovasculaire, d’infarctus myocardique non létaux (à l’exclusion des infarctus silencieux) et des AVC non létaux. Les résultats ont montré une diminution statistiquement significative de 14% du risque relatif sous traitement par empagliflozine (N Engl J Med. 2015 Nov 26;373[22]:2117-28 ). Au cours des 12 premières semaines, alors que les patients ne pouvaient pas se voir prescrire un médicament supplémentaire, les taux moyens d’HbA1c étaient diminués de 0,54 à 0,6% sous empagliflozine en comparaison avec le placebo. Une différence plus limitée entre les deux groupes persistait tout au long de l’étude. Au moment de l’inclusion, plus de la moitié des patients étaient traités par metformine, près de la moitié étaient sous sulfonylurée.
Les résultats d’EMPA-REG OUTCOME ont été les premiers à montrer que le traitement par un inhibiteur du SGLT2 débouchait sur une réduction substantielle de l’incidence de l’insuffisance cardiaque et des hospitalisations liées à cette pathologie, tout en ralentissant la progression de l’insuffisance rénale. Ces effets ont été confirmés et ont également été observés pour d’autres agents de cette classe thérapeutique.
L’étude EMPA-REG OUTCOME a été financée en partie par Boehringer Ingelheim et par Eli Lilly. Les docteurs Vaduganathan et Handelsman ont déclaré des liens d’intérêt avec plusieurs sociétés dont les deux précitées.
Cet article est une traduction-adaptation par le Dr Claude Leroy d’un article de Mitchel L. Zoler publié précédemment sur MDedge.com du groupe Medscape sous le titre EMPA-REG OUTCOME: Empagliflozin Cuts Insulin Need in Type 2 Diabetes.
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