Compilation de quelques articles très intéressants sur l’actualité en diabétologie
AGONISTES DU GLP-1 POUR PERDRE DU POIDS : PENSER AUX RISQUES GASTRO-INTESTINAUX
Sodhi et coll. ont analysé le risque d’événements indésirables gastro-entérologiques lors de la prise d’agonistes peptide glucagon-like 1 (GLP-1) en vue d’une perte de poids. Les auteurs ont ciblé les nouveaux utilisateurs du sémaglutide (n = 613) et du liraglutide (n = 4 144), les 2 principaux agonistes GLP-1, les comparant au bupropion-naloxone (n = 654). En comparaison avec le bupropion-naloxone, la prise d’agonistes du GLP-1 fut associée à un risque accru de pancréatite, le HR ajusté étant calculé à 9,09 (IC 1,25-65,0), celui d’occlusion intestinale fut de 4,22 (IC 1,02-17,40) et celui de gastroparésie de 3,67 (IC 1,15-11,90). En revanche, aucune association entre agonistes du GLP-1 et pathologie biliaire n’a été mise en évidence : HR à 1,50 (IC 0,89-2,53).
Sodhi M et al. JAMA 2023 : e2319574.
DT1 : ESSAI AVEC UNE INSULINE BASALE À INJECTION HEBDOMADAIRE
Dans cette étude, les 266 patients atteints d’un diabète de type 1 (DT1) ont été randomisés (1/1) pour recevoir soit du BIF (Basal Insulin Fc, ou LY3209590) une fois par semaine soit du dégludec une fois par jour pendant 26 semaines (objectif : glycémie à jeun 80-100 mg/dL) suivie de 5 semaines d’observation. Après 26 semaines, les patients recevant le BIF présentaient un changement d’HbA1c non inférieur à celui des patients recevant le dégludec, avec une différence statistiquement significative de 0,17 % (IC90% 0,01-0,32 ; p = 0,07) en faveur du comparateur. La proportion des patients qui sont passés sous la barre des 7 % était comparable dans les deux groupes (entre 31 % et 37 % des participants). Le pourcentage de temps dans l’intervalle TIR était similaire pour les patients des groupes BIF (56,1 %) et dégludec (58,9 % ; p = 0,112) à la semaine 26. En revanche, le temps passé dans la cible lors des heures diurnes était inférieur de 3,4 % chez les patients sous insuline BIF par rapport à ceux sous comparateur.
Kazda CM et al. Diabetes Care 2023 ; 46(5) : 1052-9.
DT2 : EFFETS DES NOUVEAUX ANTIDIABÉTIQUES SUR LES ÉVÉNEMENTS CARDIOVASCULAIRES
Dans l’essai Harmony Outcomes, l’effet bénéfique de l’albiglutide, analogue du GLP-1 (aGLP-1), sur les événements cardiovasculaires (décès cardiovasculaires, infarctus, accidents vasculaires cérébraux) était observé, qu’un inhibiteur du SGLT2 (iSGLT2) soit associé ou non. Le bénéfice semblait néanmoins supérieur en l’absence d’iSGLT2 (4,6 événements pour 100 patients-années avec le GLP-1 contre 6/100 patients-années avec le placebo ; baisse de 22 %) qu’en présence du traitement (3,5/100 patients-années vs 3,9/100 patients-années, baisse de 11 %), mais l’analyse statistique conclut à l’absence de différence d’effet significatif entre les deux groupes. Une méta-analyse conclut à un bénéfice des analogues du GLP-1 sans inhibiteur du SGLT2 (baisse de risque cardiovasculaire de 23 %) ou avec (baisse de 22 %) (HR 0,77 ; IC95% 0,68-0,87 sans iSGLT2 ; HR 0,78 ; IC95% 0,49-1,24 avec iSGLT2). Plusieurs sous-analyses avec différents critères ont été réalisées et elles concluent toutes à une diminution du risque cardiovasculaire sous aGLP-1 avec ou sans iSGLT2, à l’exception de l’une d’entre elles qui suggère que l’association des deux molécules pourrait être dotée d’un effet positif sur le risque d’insuffisance cardiaque.
Neves JS et al. J Am Coll Cardiol 2023 ; 82(6) : 517-25.
HYPOGLYCÉMIE SÉVÈRE EN CAS DE DT2 : LE PRONOSTIC EST TRÈS ALTÉRÉ
Une étude de cohorte rétrospective réalisée au Royaume-Uni s’est attachée à reconnaître les causes des hypoglycémies graves. Ont été dénombrés 619 épisodes d’hypoglycémie chez 506 patients qui ont le plus souvent été admis en urgence, compte tenu de la gravité du tableau clinique. Dans la plupart des cas, il existait un diabète, qu’il soit de type 1 (n = 172 [34,0 %]) ou 2 (n = 216 [42,7 %]), et l’hypoglycémie était manifestement en rapport avec le traitement. Cependant, plus d’une fois sur cinq, l’hypoglycémie est survenue en l’absence de cette maladie. Le taux d’admission en milieu hospitalier s’est avéré élevé, compris entre 60 % et 75%. C’est le diabète de type 2 qui a été associé aux hospitalisations les plus longues. L’épisode hypoglycémique a été de mauvais pronostic, notamment quand il existait un diabète de type 2, la mortalité à court ou moyen terme étant estimée à 38,0 %. Elle était de 39,1 % en l’absence de diabète, et seulement de 13,3 % chez les patients atteints d’un diabète de type 1.
Song SH et al. Diabetes Obes Metab 2023 ; 25(10) : 2824-34.
NOUVEAUX ANTIDIABÉTIQUES ORAUX : 2 VAUT MIEUX QUE 1
Une vaste étude de cohorte rétrospective a initialement inclus 2,2 millions de malades atteints d’un diabète de type 2 (DT2) recevant de l’insuline. Trois groupes ont été constitués à partir de cette cohorte, selon les traitements reçus en monothérapie ou en association, respectivement inhibiteurs du SGLT2 (sodium glucose cotransporter-2) (iSGLT2 ; n = 143 600), agonistes du récepteur du GLP-1R (glucagon-like peptide-1 receptor) (aGLP-1R ; n = 186 841) et iSGLT2 + aGLP-1R (n = 185 040). Un groupe témoin n’a reçu aucun de ces traitements. La comparaison intergroupe plaide en faveur de l’efficacité des nouveaux antidiabétiques oraux, si l’on prend en compte trois événements majeurs : la mortalité toutes causes confondues, la fréquence des hospitalisations et la fréquence des infarctus du myocarde. Une sous-analyse complémentaire a par ailleurs révélé une réduction plus importante de la mortalité toutes causes confondues en cas d’exposition à l’association des deux antidiabétiques versus iSGLT2 seul (HR 0,53 [0,50-0,55]) et aGLP-1R en monothérapie (HR 0,56 [0,54-0,59]).
Riley DR et al. Diabetes Obes Metab 2023 ; 25(10) : 2897-909.
PRÉVENIR LE DIABÈTE EN LUTTANT CONTRE L’ISOLEMENT SOCIAL
Une étude a été menée sur 2 importantes cohortes, l’une de plus de 420 000 personnes au Royaume-Uni suivies pendant 13,5 ans, l’autre de près de 14 000 chinois suivis pendant 5,8 ans. L’objectif était de préciser le lien entre l’isolement social et le sentiment de solitude et l’apparition d’un diabète de type 2. L’isolement social et la solitude sont tous deux associés, à la fois isolément et conjointement, à une augmentation du risque de développer un diabète de type 2 (DT2) à long terme. Dans la cohorte britannique, l’isolement social est associé à une augmentation de 17 % du risque de DT2 et la solitude à une augmentation de 21 %. Les résultats sont sensiblement les mêmes dans la cohorte chinoise (22 % et 21 %, respectivement). Les analyses de randomisation mendélienne confortent l’existence d’un lien causal entre l’isolement social, la solitude et l’incidence du diabète de type 2.
Song Y et al. EClinicalMedicine 2023 ; 64 : 102236.
PRÉVENTION DU DT2 PAR LE SPORT : QUANTITÉ ET INTENSITÉ VALENT MIEUX QUE LE MOMENT DANS LA JOURNÉE
Les chercheurs ont analysé les données de 93 095 sujets sans antécédent de diabète de type 2 (DT2) dont la dépense énergétique moyenne liée à l’activité physique était de 304,8 MET.h . Le risque de développer un DT2 était moindre en cas de pratique en matinée (RR 0,90 ; p < 0,00000007) ou en après-midi (RR 0,91 ; p < 0,00005), mais pas en soirée (RR 0,95 ; p < 0,07). Chaque MET.h de plus réduisait ce risque de 10 % le matin et 9 % l’après-midi. L’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse (APMV) est associée à une diminution du risque de DT2, quel que soit le moment de pratique dans la journée.
Tian C et al. Diabetologia 2023 ; 66(12) : 2275-82.
UNE COURBE EN U POUR RELIER LES TAUX DE HDL-C ET LE RISQUE D’ECVM CHEZ LES DIABÉTIQUES
Une étude de cohorte rétrospective a sélectionné 3 282 389 participants indemnes de maladie cardiovasculaire (MCV) à l’état basal, diabétiques ou non et répartis en trois groupes en fonction de la glycémie basale à jeun, respectivement <100 mg/dL, 100–125 mg/dL et ≥126 mg/dL. Les taux médians de HDL-C, pour leur part, étaient de 62 (EIQ 52–74) mg/dL. Le critère de jugement principal combinait certains événements cardiovasculaires majeurs (infarctus du myocarde et AVC) et la mortalité globale, toutes causes confondues. L’association entre les faibles taux de HDL-C et les ECVM s’est avérée plus étroite en cas d’hyperglycémie. La relation entre les taux élevés de HDL-C et l’aggravation du risque précédent n’a été confirmée que chez les patients diabétiques.
Ishibashi T et al. Eur J Prev Cardiol 2023 ; 30(8) : 646-53