Lors du 55e meeting annuel de l’EASD (European Association for the Study of Diabetes), une session était consacrée au suivi des enfants nés d’une mère ayant eu un diabète gestationnel ou de mères obèses. Quel est le profil métabolique de ces enfants à la naissance mais aussi plusieurs années plus tard ?
HAPO : 10 ANS DE SUIVI !
Concernant le diabète gestationnel, l’étude HAPO (Hyperglycemia and Adverse Pregnancy Outcomes) nous apporte quelques éléments de réponse.
Pour rappel, HAPO avait inclus plus de 23 000 femmes ayant un diabète gestationnel.
Dix à quatorze ans plus tard, un suivi de 4 697 femmes et de leurs enfants a été réalisé. Ces femmes ont été réparties en 2 groupes selon que la charge en glucose réalisée pendant la grossesse correspondait aux critères IADPSG (International Association of Diabetes and Pregnancy Study Groups) de diabète gestationnel (soit 672 femmes, 14,3 %) ou non. Il s’agissait de diabète gestationnel non traité.
Chez les mères il y a 52 % d’anomalies glycémiques chez celles ayant eu un diabète gestationnel versus 20 % dans l’autre groupe.
De même 50 % des femmes ayant une HbA1c supérieure ou égale à 5,5 % pendant la grossesse ont des anomalies glycémiques lors du suivi.
Pour les enfants, l’étude HAPO a observé les enfants en surpoids ou obèses.
La prévalence du surpoids ou de l’obésité était de 39,5 % pour les enfants
de femmes ayant eu un diabète gestationnel versus 28,6 %. Si on ne regarde
que l’obésité, cette prévalence était de 19,1 versus 9,9 %. L’étude
montre également une augmentation de la masse grasse de l’enfant en cas de
diabète gestationnel de la mère.
En regardant l’IMC de la mère lors de la grossesse pour voir si cela
influencerait le risque d’obésité, on remarque qu’il y a une atténuation de la
différence mais le risque n’est pas éliminé.
L’autre point important qui a été évalué est l’intolérance au glucose. Il
montre que les enfants de mères ayant eu un diabète gestationnel ont un risque
deux fois plus élevé. La prévalence de l’intolérance au glucose est de 10,6 % versus
5,2 % et celle d’hyperglycémie modérée à jeun est 9,2 % versus 7,4 %.
Avec cette étude, nous ne savons pas si un traitement du diabète gestationnel
aurait modifié la donne.
MANGER MIEUX ET BOUGER PLUS
Lors de cette même session, les résultats de l’étude DALI ont également été présentés. DALI a évalué l’impact d’une intervention sur le mode de vie de femmes obèses (436) lors de la grossesse. Cette intervention a-t-elle des répercussions sur la prise de poids des femmes et sur la masse grasse des enfants à la naissance ?
Les femmes ont été réparties en 4 groupes :
– conseils diététiques et sur l’activité physiques ;
– diététique seul ;
– activité physique seule ;
– aucune intervention.
L’association diététique + activité physique permettait de réduire la prise
de poids pendant la grossesse mais sans modifications métaboliques. Par
ailleurs, il est à noter dans plusieurs études que si l’on commence tôt ces
conseils (avant la 15e semaine de grossesse), les résultats sont positifs. Dans
l’étude DALI, la prise en charge a commencé entre 15 et 16 semaines de
grossesse, ce qui peut expliquer cette absence d’effets métaboliques.
Chez les enfants, à la naissance, la taille du pli cutané était significativement
plus faible dans le groupe diététique et activité physique versus les autres
groupes. Il en est de même pour l’évaluation de la masse grasse ainsi que pour
le dosage de la leptine dans le sang de cordon.
Donc sans surprise, chez les femmes obèses, l’association d’une alimentation
saine et d’une activité physique réduit la prise de poids pendant la grossesse
et le pourcentage de masse grasse chez les enfants.
Il faut donc essayer de convaincre ces femmes à risque de diabète gestationnel de mieux manger et bouger plus pendant leur grossesse et en commençant avant la 15e semaine de grossesse. Mais pour le moment nous n’avons pas de données sur le devenir de ces enfants. À suivre donc.
D’après les communications orales de David R McCance (The Hyperglycaemia and Adverse Pregnancy Outcome [HAPO] study: 10 year follow-up of the women and their offspring) et Mireille NM Van Poppel (Lifestyle intervention in pregnancy and neonatal body composition: results from the DALI study) – EASD, septembre 2019
Olivier Chabot, Paris